DATES
19 Juin 2015 : Théâtre de la Mer, Festival Acte III, Scène 7, Sète (34)
24 Mai 2015 : Théâtre Molière, Scène nationale de Sète et du bassin de Thau (34)
20 et 21 Mai 2015 : Chai des possibles, La Bulle Bleue, Montpellier (34)
L'ÉQUIPE
Mise en scène : Virgile Simon et Antoine Wellens
Jeu : Ali, Julien Andersch, Matthis Ascola, Eve et Robert Audibert, Sullivan Biardeau, Élisabeth Blanes, Aurelle d’Afflon, Lucien Doljac, Thomas Figuera, Valérie Gascon, Corentin Giglio, Gilles Goupil, Sophie Grosjean, Martine Guiton, Anaïs Jacobs, Stéphanie Le bas, Pauline Lebeau, Martine Levrero, Myriam Malvaut, Mathieu Marchal, Sophie Moreno, Claude Muslin, Emma Noitaky, Léa Ortiz, Julien Puche, Brigite Renner, Patricia Rydzok, Michèle Sanguillon, Perrine Scotto, Samsara Valat, Mehdi Zion, et les acteurs de la Bulle bleue : Arnaud Gélis, Sarah Lemaire, Philippe Poli et Laura Deleaz.
PRODUCTION
Production : Primesautier Théâtre
Coproduction : Crous de Montpellier, Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau, La Bulle Bleue
Par les villages
Peter Handke
« Je vois l’œuvre – oui, l’œuvre – de nos parents disparaître. Sur la moindre maison ouvrière, dans le village le plus reculé, je vois briller les panonceaux de commerces ou de banques, et dans le paysage, chaque maison est devenue un magasin et devant les magasins, il n’y a plus de contrée nulle part.
Je ne vois plus de chemins vides ni d’accès à la plaine.
Je vois mon irresponsabilité et ma trahison. »
Peter Handke, Par les villages, Gregor, P.17.
C’est l’histoire d’un retour au pays natal ; celle d’un passé qui, en resurgissant, révèle l’écart qui s’est creusé entre deux mondes : le monde rural des travailleurs, de ceux qui sont « restés », qui s’oppose au monde urbain, à l’ailleurs… Le monde des ouvriers face au monde des intellectuels…
Grand poème dramatique, poétique et politique, Par les villages brasse les rapports sociaux, l’urbanisme destructeur, la solitude, la famille, l’héritage, le monde qui change… C’est une épopée du quotidien, à la fois classique et contemporaine, qui embrasse la confusion de notre société, d’une époque, et les problématiques essentielles auxquelles l’Homme peut-être confronté. C’est une ode aux humiliés, aux offensés…
Fonctionnant comme un récit sans vraiment en être un, Par les villages propose un théâtre littéraire à l’oralité immédiate dans lequel se mêlent motifs poétiques et motifs politiques, doublés d’une dualité entre épique et intime.
Le texte, écrit comme un long chant, un long monologue, est rédigé dans divers styles d’écritures, et propose une synthèse de plusieurs mouvements du théâtre : symboliste, tragédie grecque, théâtre récit…Il devient un objet théâtral totalement reconnaissable, et en même temps, totalement mystérieux, où le monologue se fragmente, pour laisser place à de longs déploiements de parole.
Un théâtre de la parole donc, dans lequel nous avons eu à cœur de mettre l’acteur et le chœur au cœur de la représentation.
Pour cet ambitieux projet, nous avons choisi de mettre le texte à l’épreuve du plateau en réunissant l’ensemble des participants des différentes Expérimentations théâtrales de la compagnie et en y associant des acteurs de l’Esat Artistique La Bulle Bleue avec qui nous avions travaillé en amont, nous promettant alors une aventure théâtrale hors norme.
Nous souhaitions créer une « foule », composée de différentes générations d’acteurs, de différents types de jeu et de caractères, créant alors dans le mouvement scénique et dans celui de la parole, « un village », une communauté, une famille, vivant au rythme des arguments, des images poétiques et de la dramaturgie du texte. Ce qui nous a intéressés ici, ce fût la circulation de la parole entre ces « habitants » du plateau, cette foule qui, en sortant le texte de Peter Handke d’un rapport psychologique au personnage, permettent de le faire entendre comme une histoire passée au crible de différents points de vue.
Les rapports sociaux de cette foule entre elle sous-tendent les jeux, et nous permettent d’osciller entre les différents types de narrations compris dans la matière textuelle. Nous avons donc inviter les spectateurs à l’observation de la création de cette communauté, à suivre dans le même mouvement la création des règles essentielles au bon fonctionnement de ce groupe, règles résultant de notre travail de réflexion sur le texte. Ainsi, au sein même de ce groupe étaient évoquées, par leur fonctionnement intrinsèque, les différentes manifestations de l’errance sociale ainsi que les possibilités de s’en dégager. Nous avons tenter de mettre sur le même plan d’observation, le discours, le rôle social de chacun et la vie communautaire, donnant ainsi l’impression d’un théâtre en train de se faire, de s’accoucher de lui-même.
« Gens de maintenant, allant à la rencontre les uns des autres. Vous qui supportez et maintenez l’espace. Voulez-le, devenez-le, soyez-le – qu’on ne vous prenne pas pour des chiens à la vue desquels l’imagination meurt. »
Nova. Par les villages, P90.
© La fille de la photo – Lyzaveta Mihalchuk