DATES
Les 8 et 9 octobre 2016
Théâtre Jean Vilar, Montpellier (34)
L'ÉQUIPE
Le Primesautier Théâtre :
Amarine, Antoine, Fabienne, Hélène, Jean, Jean-Christophe, Julie, Nicolas, Virgile
L’équipe du Théâtre Jean Vilar :
Frantz, Maguelone, Patrice, Momo, Sisi, Jeff, Eve, Cédric, Pierre, Dominique, Noëlle, Francis, Stéphanie, Philippe, Julien
Les habitant.e.s du quartier :
Sylvie, Nathalie, Anne-Marie, Bela, Élise, Dorian, Pascale, Catherine, Soufyan
– Les associations et leurs adhérents, les structures et leurs personnels :
I-PEICC : Tatiana, Elsa, Lucile, Kevin, Lydia, Leila, Nour-Imane, Imane, Soumaya, Mariam, Ayman, Chafiq, Hajar, Lina, Mariam, Omaissa, Kaneza, Salma, Sandra, Lina, Mariem, Evelyne, Olivier et les arpenteurs
Centre Social CAF : Marisol, Flavien, Benjamin, Sylvie, Sylvette et les adhérents de l’association Pause Culture
L’âge d’Or Baron Celli : Nadège, Marilyn, Jacqueline, Évelyne, Dominique, Christiane, Dolorès, Raymonde, Mercedès, Marie, Nabil, Nassim
Tin-Hinan : Odile, Nassima, Maëva, Zhor, Nezha, Karima, Zahra, Fatima, Aya, Abdelkarim, Yasmine, Aziza, Aïcha, leurs enfants
AJPPN : Daniel, Saliha, Clara, Abdellah, Youssef, Marie-Lise, Mathias, Rafa, Inès, Mohammed, Ayman, Driss, Moussine, Mouad, Zeyneb, Laïla, Khaoula, Souad, Sara, Imane, Asma, Yasmine, Hind, Amine, Samy, Azzedine, Ikram, Yasmine, Aziz
Mandragore : Corinne, Christian, Isabelle, Danielle, Stéphane, Sandrine, Didier
Médiathèque : Marianne, Élise, Karim, Nicolas, Corinne, Ghislain, Jordan
MPT Léo Lagrange : Vincent, Jocelyne, Jean-Pierre et Rémi
MPT George Brassens : Brice
Les sentiers d’écriture : Agnès, Najat, Leïla, Gabrielle, Catherine
Kaïna TV : Akli, Jean-Fabrice
Les placiers : Amel, Julie, Yassine, Hy-Dang, Ismaïl, Lahcen, Romain
Olivier : Sociologue de l’université Paul Valéry
TAM : Patrick
Association SOMIS : Sophie
Expo Photo : Véronique, Évelyne, Bernard, Danielle, Saïd, Dorian, Anne-Marie, Elise
La commission Culture du réseau Pailladin
Madame X
PRODUCTION
Production : Primesautier théâtre
Coproduction : Théâtre Jean Vilar, Montpellier
La Cie est conventionnée
par la Région Occitanie / Pyrénées – Méditerranée.
Avec l’aide de la DRAC Occitanie, de la DDCS de l’Hérault, de Montpellier Méditerranée Métropole, du Conseil départemental de l’Hérault et de la Ville de Montpellier.
> Nous tenons ici à remercier toutes les associations qui se sont investies dans ce projet hors normes et avec qui nous avons créé de réels et précieux partenariats, riches d’échanges et de travail. Elles ont en effet, pour la plupart, participé activement au processus de création, de sa réflexion et mise en place jusqu’à ses représentations. Elles ont profondément guidé notre équipe dans les questionnements et les problématiques auxquels elles sont confrontées au quotidien, elles nous ont accueillis de façon remarquable et nous ont ouvert en grand la porte de leurs locaux. Elles ont merveilleusement facilité la rencontre et le dialogue avec les habitants, éléments premiers et indispensables à la réalisation de cette création. Qu’elles en soient donc ici remerciées fraternellement. Que soient aussi remercié tous les habitants et habitantes ayant participé à cette aventure de près comme d’un peu plus loin, pour leurs témoignages, leur amitié et leur investissement indéfectible. Et bien évidemment, que soit ici remerciée toute l’équipe du théâtre Jean Vilar, dont le soutien et l’accompagnement sur ce projet ont étés exemplaires.
Remerciements également à : Nourdine, Sébastien pour les cartes du quartier, Gaëlle, Anaïs, Élodie, Tristan, La Bulle Bleue, Le Crous de Montpellier et Mamaille.
Le principe du Truc !
Expérimentation théâtrale immersive et documentaire.
Pour 2015-16, le théâtre Jean Vilar a proposé à la Cie de mener avec les associations et les habitants du quartier de La Mosson une création partagée. Proposition que nous avons acceptée tant elle était en cohérence avec notre nouvelle création professionnelle Mais il faut bien vivre ! également programmée au Théâtre Jean Vilar en mai 2016.
Le principe du truc est ouvert à tous les habitant.e.s, avec ou sans pratique théâtrale et artistique antérieure. À la manière de R.Hoggart, donnant un aperçu de la vie dans les quartiers populaires de la ville de Leeds, où il a grandit dans les années 1950, nous allons tenter de dresser in situ avec des acteurs du réel un portrait d’un quartier populaire de Montpellier aujourd’hui. Loin des clichés d’usages, avec humour, poésie, réalisme et fantaisie, il s’agit de donner en premier lieu la parole à ceux qui le font, y vivent ou y travaillent.
Depuis octobre 2015, la Cie tisse des liens avec les associations et les habitants de ce quartier. Elle s’ancre dans le quotidien des différentes associations et en concertation avec elles, proposent différentes rencontres, actions de médiations et ateliers de pratiques. Ce projet ne peut se conduire sans une véritable immersion et la création de liens, basés sur la confiance et la complicité, avec les habitants. Il nécessite une observation et une compréhension de leur vie quotidienne dans ce quartier, de leurs habitudes, des perceptions qu’ils en ont et une recherche active de matière documentaire sur le terrain pour en témoigner.
Souhaitant poursuivre notre travail d’investigation sur le réel, nous avons de nouveau adopté une approche sociologique et artistique inspirée des travaux de l’École de Chicago, prenant ce quartier comme laboratoire artistique, que nous avons déjà appliquée pour la création de Bâtiment B – Chambre 214. Ce projet fut en autre présenté lors de la ZAT ! Boutonnet / Beaux Arts en novembre 2013.
Nous avons souhaité concevoir avec les habitants différentes formes artistiques in situ pour les restituer au grand public les 8 et 9 octobre 2016. Cette création prendra la forme d’une expérimentation pluridisciplinaire, immersive et déambulatoire, investissant pour deux jours différents lieux de la Mosson et en dressera une « cartographie artistique » dans l’instant. Durant un après-midi vous voyagerez à la rencontre de différentes formes artistiques. Vous cheminerez donc de trucs en principes et de principes en trucs afin de reconstruire pour vous-mêmes et par vous-mêmes ce qu’est CE quartier dit populaire. Vous y découvrirez, naviguant entre plusieurs thèmes et cultures, une parole vibrante, sincère, profonde, ancrée dans la réalité d’un quotidien fragile, complexe, mais parfois d’une beauté inattendue.
Le principe du truc est l’occasion d’ouvrir enfin le couvercle de notre « boîte à secrets » et d’expérimenter avec vous une forme théâtrale surprenante qui dessinera dans l’instant la cartographie forcément subjective de ce quartier emblématique de nos sociétés contemporaines.
« On se détourne, aujourd’hui, trop facilement de certaines populations, de certaines personnes, même de certaines images. On proteste devant leurs cris, souvent silencieux, façon d’oublier bien souvent, la pensée qu’elles font trembler avec puissance. »
Georges Didi-Huberman
© Fabienne Augié
Retour sur le Truc ! / Mouvement sur la ville / Sylvie Lefrère
« Par un bel après-midi ensoleillé, pourquoi aller s’enfermer dans un théâtre pendant 3 heures ? C’est pourtant la proposition faite ce dimanche par la compagnie Primesautier Théâtre. Elle a été invitée, par le Théâtre Jean Vilar à créer, dans le quartier de la Mosson, une expérience immersive et documentaire sur le territoire en lien avec les habitants. Pendant un an, Antoine Wellens, Virgile Simon, Julie Minck, Fabienne Augié, Jean-Christophe Vermot-Gauchy et Amarine Brunet ont fait un travail de fond en allant à leur rencontre, et à celle des associations de quartier. Ils ont ouvert cette recherche sur les quartiers populaires et pour l’actualiser dans notre présent, ils se font accompagner par le sociologue Jean Constance. Sans la durée engagée, ce travail d’équipe n’aurait pas pu atteindre son objectif. C’est un point essentiel pour la qualité de la création offerte au spectateur.
Aujourd’hui c’est la présentation de ce processus créatif interactif. La salle est remplie de personnes de tous âges et de toute la ville. Certains venus dans le quartier pour la première fois. Des jeunes filles voilées sont également présentes. La fréquentation de ce lieu par le public de proximité et par celui du centre, souvent paresseux quand il s’agit de quitter ses habitudes, semble s’amorcer après 2 ans de travail du directeur Frantz Delplanque et de son équipe.
La forme artistique proposée est complète et diversifiée car elle mêle plusieurs niveaux de réception. Nous sommes spectateurs dans la salle des questionnements des acteurs de terrain et des comédiens à travers leur jeu, ils se fondent dans leurs expressions et portent haut les traces des travaux d’écriture. Nous sommes auditeurs attentifs à travers ces tranches de vie connues ou pas, imaginées ou découvertes. Témoins sur nos sièges de ces expériences recueillies, nous sommes invités à nous déplacer régulièrement pour découvrir d’autres scènes d’observation de cette création. Par groupes de quinze personnes environ, nous découvrons les locaux associatifs, les centres sociaux, la médiathèque, et nous récoltons des informations sur l’accompagnement proposé aux habitants du quartier, des transports aux écrivains publics, des expressions sur le vécu diurne et nocturne des jeunes avec toute sa véracité.
Les émotions enfouies se dévoilent, les souvenirs, les objets intimes, les témoignages d’animateurs de rue. Notre regard, sur ce territoire lointain et ses habitants du Nord de la ville, s’affine.
Fabienne, photographe est allée chez des personnes pour les questionner et saisir les images de leur univers, les éléments de leur quotidien ou de leur passé. Chaque question mériterait une exposition à elle toute seule. Le sujet est dense et soulève de multiples questions. En la suivant, on a envie d’en savoir plus, entre esthétique et expression, elle dégage le dessous d’un iceberg.
Au cours de cette entrée dans l’automne, cette forme artistique interactive a mis une véritable chaleur conviviale. Elle pose et soulève tous les sujets d’actualité de la société d’aujourd’hui dans son état. Elle offre des faits, des pistes de réflexions, un patrimoine à transmettre. Nous sortons du regard médiatique, si facilement manipulateur, pour rentrer dans le vif du quotidien de ce quartier nommé « difficile ».
J’entends des jeunes filles, qui habitent à la Mosson, regretter qu’il n’y ait pas plus de personnes du secteur pour entendre ce qui est « joué », ce qui est « dit ». Elles souhaitent que chacun y retrouve les éléments dynamiques et positifs. Elles-mêmes sont investies dans un projet de foot féminin, joué dans plusieurs villes d’Europe.
Ce quartier, anciennement appelé la Paillade, se découpe entre béton, parc et cours d’eau, la Mosson. Voilà pourquoi le quartier a été rebaptisé. Pour que ce soit » plus joli ». Mais nous découvrons tous un territoire inconnu, car hormis les habitants du quartier, qui vient se promener ici ? Pourtant, fut un temps, Sophie Desmarets habitait le Mas de la Paillade, là où se situe l’actuel Théâtre Jean Vilar, et tout le Parisianisme mondain s’y pressait. La proposition artistique » Le principe du truc » nous apporte tout « un tas de choses »… Les pauses-goûter sont le prétexte pour échanger sur différents sujets, sur les représentations de la culture et des lieux d’art, le quotidien ici et en dehors. C’est l’expression du désir d’envisager l’investissement des espaces publics, le marché, ou le petit centre commercial, pour aller cueillir l’écoute des spectateurs/ acteurs de terrain, là où ils sont. C’est le débat pour se donner les moyens de décloisonner l’institution du théâtre municipal où tout le monde ne s’autorise pas à rentrer.
Nous avons croisé, dans nos cheminements, des spectateurs de toutes les générations: les personnes âgées fidèles abonnées du club de l’âge d’or, les enfants précieux traducteurs de leur mère, une vieille femme qui a une mémoire « en or » de ses souvenirs d’enfant sur le trajet de l’école, le monologue d’une jeune femme qui pose sans tabou la question du religieux et de sa croissance…Toutes ces perceptions et ces anecdotes de la conception de la vie « à l’époque », ne sont pas si éloignées de celles vécues de nos jours, entre les mariages arrangés, les préférences des pères pour leur fils…
Nous sommes spectateurs, acteurs de nos choix. Suivre ou non les personnes qui partent en petits groupes, ou rester dans la salle de spectacle, en sachant que, où que nous soyons nous raterons des scènes, mais nous le vivons sans frustration car le hasard ou l’impulsion qui se dessine devant nous construisent notre parcours, un peu comme dans l’avancée d’une vie.
Les petites lumières du final nous invitent au recueillement et laissent augurer d’autres moments comme celui-ci, qui permettent à chacun d’alimenter sa curiosité sur son environnement et découvrir sans a priori les habitants des quartiers qui vivent parfois trop enfermés dans leur réputation.
Un spectacle qui est un geste collectif artistique de société, articulation dans une ville qui pourrait mettre en lien ses habitants pour mieux imaginer et construire le bien vivre ensemble. Dans ces actualités tumultueuses, des moyens pour ne pas vivre replié sur soi, avec des peurs qui verrouillent toute pensée.
Par ce dimanche ensoleillé nous étions tous réunis dans un même rayonnement, nous étions devenus « Pailladins ». »
LA RÉALISATION DU TRUC !
Petit à petit, tout au long du travail, le croisement des différentes matières collectées et la somme de documents accumulés lors de ces recherches nous ont permis de dresser une possible cartographie artistique, sensible du quartier et d’architecturer une forme « spectaculaire » pouvant rendre compte des nombreuses structures, personnes et sujets rencontrés.
Nous avons imaginé, pour la mise en valeur de ces multiples sujets et les mettre en « frottements » les uns avec les autres, une mise en scène déambulatoire en deux volets, joués simultanément. Une « forme plateau » sur la scène du théâtre, et plusieurs « petites formes » disséminées un peu partout dans le quartier. Par cette proposition formelle, chaque spectateur peut se faire une idée, à travers tout un réseau de formes différentes, de ce que nous avons ressenti, vu et entendu ici et là durant cette résidence de plusieurs mois au Théâtre Jean Vilar. Chaque spectateur est ainsi amené à porter, pour un temps, un regard sociologique tant sur le spectacle que sur le quartier qui nous a accueillis.
– Premier volet : La « forme plateau ». Nous avons, au fil des mois de travail, élaboré l’écriture d’une pièce qui a été jouée sur la scène du théâtre Jean Vilar par une dizaine d’habitants et par l’équipe du Primesautier théâtre. Elle s’est écrite à partir de témoignages, d’interviews, d’écrits théoriques, de documents sonores, photographiques et filmiques… Elle est le fruit du travail des habitants du quartier ainsi que le résultat de l’immersion de toute l’équipe primesautière dans ce dernier.
La pièce déroulait donc ses thématiques pendant plus de trois heures de représentation et voyait, au fur et à mesure et sur invitation de notre part, son public se lever et se répartir en petits groupes pour partir découvrir, dans les locaux de différentes associations ou institutions partenaires du quartier, d’autres propositions, artistiques ou documentaires : « Les petites formes ».
– Deuxième volet : Les « petites formes ». Nous invitions donc les spectateurs, ponctuellement et en lien avec ce qui était dit sur scène, à quitter les sièges confortables du théâtre pour partir à la rencontre d’autres propositions, d’autres habitants, d’autres points de vue… Par cette pluralité de propositions toutes différentes les unes des autres, il s’agissait de mettre le public en position de visiteurs, mais surtout, de le mettre en position d’intimité avec des habitants et/ou des travailleurs du quartier, afin d’éprouver plus personnellement les points de réflexions que nous voulions partager.
Les Trucs du Truc !
– LES TRUCS DU TRUC INTÉRIEURS ! – « LA FORME PLATEAU »
Véritable création partagée entre l’équipe primesautière et une dizaine d’habitants du quartier, cette proposition théâtrale reconstitue, interroge et invente, par les moyens du théâtre, un compte-rendu poétique et sensible de l’aventure traversée durant ces longs mois d’immersion « Pailladine ». Elle est la « synthèse » de toutes les recherches menées sur le terrain et s’est construite par le croisement artistique entre témoignages, textes théoriques et documents récoltés…
Cette création montre des habitants qui, par la reconstruction théâtrale, décrivent leur vie au sein de ce quartier. Ils reprennent à leur compte les thématiques globales de ces mois d’immersion et développent une parole personnelle sur leur quotidien. L’équipe primesautière était à leurs côtés et jouait avec eux. Le plateau devenait ainsi un laboratoire documentaire où se jouait et s’analysait, dans le même mouvement, tant la création elle-même que son processus de fabrication.
Certains des travaux de recherche, pris en charge individuellement par chacun des membres de l’équipe ont été intégrés à l’intérieur même de la forme théâtrale et certains ont trouvé leur place dans les murs du théâtre.
Nous pouvions ainsi y découvrir le résultat des recherches autour de :
– L’âge d’or : Jean-Christophe Vermot-Gauchy a travaillé en immersion dans le Club de l’âge d’or Baron Celli. Il a partagé le quotidien des adhérents et en a retiré des récits, des interviews, des photographies… Il nous y fait entendre principalement le témoignage d’une « encadrante » du club, sur son fonctionnement, sur son rapport aux « usagers » et sur l’importance que ces clubs peuvent avoir pour les populations plus « âgées » d’un quartier. Il a parallèlement interviewé, à la ludothèque de la Médiathèque Jean-Jacques Rousseau, des enfants autour de la question des « jeux d’enfants » et du « chemin de l‘école » qu’il a mis en écho avec le récit de vie d’une habitante plus âgées autour de la même question.
– L’Ajppn : Amarine Brunet a partagé le quotidien des jeunes et des éducateurs de L’Ajppn, qui œuvre dans le soutien scolaire, l’aide administrative et qui organise des sorties familiales. Elle s’est principalement intéressée aux jeunes en soutien scolaire et a mené un atelier théâtre avec une dizaine d’entre eux autour de la scolarité et de leurs perspectives d’avenir. Elle a mené en parallèle, un travail d’interview sonore des mêmes jeunes et animateurs, dont elle a proposé un montage qui fut intégré aux représentations.
– L’Expo’ Photo’ : Fabienne Augié, comédienne et photographe, a mené un travail photographique sur les objets du quotidien. S’inspirant d’un chapitre de Hoggart sur l’intérieur et les objets quotidiens dans les milieux « populaires », elle s’est invitée chez une dizaine de participants à qui elle a soumis un questionnaire établi en amont et appelant comme réponse des objets, qu’elle photographiait ensuite dans leurs contextes. Elle en a construit une exposition dans le bar du Théâtre qu’elle faisait visiter à différents moments durant la représentation, avec la complicité d’une habitante s’étant prêtée à l’expérience.
– Mes poings sur les I : présent sur la scène dès le début de la représentation, Soufyan Heutte, jeune auteur pailladin, déclamait, juste après le 1er départ et de manière surprenante, un premier extrait de son roman Mes poings sur les I, relatant la trajectoire sociale de Kamel, fraîchement sorti de prison pour un mauvais coup de poing. Il invitait ensuite un groupe de spectateurs à le suivre dans le foyer du théâtre où il proposait une lecture d’autres extraits de son roman, suivie d’une discussion avec les spectateurs sur la ségrégation géographique dont souffrent très souvent les habitants de ces quartiers. Nous jouions alors sur la réalité de son texte, semant le trouble entre fiction et réalité. Est-ce que Soufyan et Kamel ne faisaient qu’une seule et même personne ?
– Les Guides : à chaque départ, les différents groupes de spectateurs étaient pris en charge et accompagnés dans les lieux extérieurs par des « guides ». Les placiers du théâtre, habitants de la Paillade, ont pour la plupart pris en charge ce rôle de « guide » pour certains départs, et ont ponctué le trajet de leurs propres anecdotes sur le quartier. Les autres départs étaient pris en charge par des membres de l’équipe primesautière, par des intervenants extérieurs et par les responsables des structures qui accueillaient les différentes petites formes.
– LES TRUCS DU TRUC EXTÉRIEURS ! – LES « PETITES FORMES »
Ces « petites formes » avaient pour fonction, de ramifier les sujets abordés durant la forme plateau. Tous les départs vers ces autres propositions étaient prévus à des moments précis de la pièce afin d’assurer une cohérence et une continuité avec les points abordés par la forme théâtrale. Ces départs se faisaient tous du théâtre, interrompant pour quelques instants la pièce qui reprenait une fois les groupes partis. Il nous semblait pertinent de proposer aux spectateurs d’aller découvrir le quartier par eux-mêmes, faisant ainsi passer leur statut de spectateur à celui d’acteur. Ils pouvaient alors découvrir « in situ », des formes parfois théâtralisées, ou qui s’apparentaient à une rencontre, à des discussions ou à des témoignages… Il s’agissait d’un jeu avec la réalité où le « prévu » et « l’imprévu » devenaient autant de signes à analyser.
– Kévin, Animateur de rue / Le Grand Mail : Après avoir accepté de rejoindre la forme plateau pour parler de son expérience, Kevin Le Guillou, animateur de rue à la Paillade durant quelques années, prenait la parole de son siège de spectateur, simulant un désaccord avec ce qui était dit sur la scène. Puis il montait sur le plateau pour témoigner de ses expériences sur le terrain. Il proposait ensuite d’accompagner un groupe de spectateurs en visite sur le Grand Mail, lieu principal de ses actions et de son travail. Dès la sortie du groupe, la vidéo de leur trajet est projetée sur l’écran, afin de permettre à ceux restés assis de découvrir l’environnement extérieur. Poursuivant sur le trajet la discussion avec les spectateurs l’ayant suivi, il les menait finalement dans les locaux de L’I-peicc puis de l’association Tin-Hinan.
– I-peicc – Square Corte / L’Arpentage : Kévin, après sa visite du Grand Mail, faisait un premier arrêt dans les locaux de l’I-peicc situés Square Corte, où il confiait un petit groupe de spectateurs à l’un des responsables de l’association, Olivier Halet. Après une visite des locaux et une présentation de leurs missions et de leurs activités, il invitait le groupe à participer à l’une d’elles, L’Arpentage, qui consiste littéralement à diviser en fonction du nombre de personnes présentes, l’ouvrage d’un philosophe, d’un sociologue (ici Richard Hoggart), puis de faire une synthèse personnelle sur les chapitres aléatoirement distribués. Le tour de table organisé en fin de séance permet d’embrasser chronologiquement toutes les thématiques de l’œuvre à travers le point de vue personnel de chaque lecteur et d’en débattre avec tout le groupe. Celui-ci repartait après vers les locaux de Tin-Hinan
– Tin-Hinan / La barrière de la langue : Quelle est l’image du quartier ? Pourquoi l’aimez-vous ? Quels sont ses problèmes ? Comment améliorer son image ? Que souhaitez-vous pour vos enfants ? Voilà les questions sur lesquelles Antoine Wellens et Julie Minck ont travaillé avec les femmes de l’association Tin-Hinan et leurs enfants lors de plusieurs ateliers intergénérationnels et plusieurs séances de discussions autour de ces thématiques. Ces femmes venant à Tin-Hinan pour suivre des ateliers sociolinguistiques afin d’apprendre ou de perfectionner leur français ont décidé de travailler sur la barrière de la langue. Les spectateurs arrivaient dans leur local, s’asseyaient autour de la table déjà occupée par les femmes et leurs enfants, qui discutaient en arabe ou en berbère comme si tout le monde comprenait. Après un moment, les enfants traduisaient aux personnes quelque peu déroutées assises à côté d’eux, ce que disaient leurs mères. Puis le dialogue s’ouvrait plus profondément avec Zhor, qui traduisait plus précisément leurs propos sur les problématiques de la langue et du quartier. Il s’agissait ici de faire ressentir au public les difficultés liées aux barrières de la langue.
– I-peicc – Carrée Uranus / Ici c’est mon quartier ! : Nous avons proposé au Tiers Lieu Culturel de L’I-peicc de participer à ce projet avec les enfants de leurs ateliers, en réalisant un travail plastique sur des cartes géographiques du quartier. Il s’agissait pour nous d’ouvrir et d’offrir des paroles d’enfants sur leur quartier et leur quotidien. Tout en dessinant et peignant sur la carte, ils racontaient et expliquaient au public leurs trajets quotidiens, les endroits qu’ils aiment ou n’aiment pas, des anecdotes… Ils présentaient ainsi leur quartier par leur regard d’enfants. Julie Minck et Virgile Simon ont travaillé avec 2 équipes de 6 jeunes filles âgées de 9 à 12 ans.
– La Médiathèque Jean-Jacques Rousseau / Descriptions littéraires des milieux populaires.
Lectures / débat. Virgile Simon et Antoine Wellens ont travaillé avec Corinne Cros et Ghyslain Bauzil, employés de la médiathèque, à la mise en voix de lectures croisées entre 33 Newport street, autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises de Richard Hoggart et Phobos les mal famés, recueil de récits de vies et de réflexions de jeunes sur ce quartier dont ils sont issus. A la suite de ces lectures, Jean Constance, sociologue, a animé une discussion autour du positionnement des intellectuels sur la description des milieux populaires.
Témoignage / Ma vie d’ici. Après avoir été accueillis par Nicolas Gramond, responsable de la ludothèque, et après qu’il leur ait présenté ses missions au sein de cette institution, les spectateurs suivaient Jean Constance pour la réalisation d’un entretien sociologique en direct avec Jordan, ancien habitant du quartier âgé de 25 ans. Entretien qui explorait, par le témoignage de ses expériences et de son parcours, son rapport et ses difficultés à se construire au sein de ce quartier.
– Maison pour tous Léo Lagrange / Histoire de la Paillade : Création d’une forme théâtrale sur l’historique de La Paillade avec la Compagnie de la Mandragore, dirigée par Corinne Neel et qui travaille à la Maison pour tous depuis sa création. Cette proposition a été construite à partir d’articles de presse, et a été mise en jeu par Virgile Simon.
– Centre Social Caf / Centre névralgique.
Conférence sur la Laïcité par Olivier Noël. Antoine Wellens a coordonné la mise en place d’une conférence d’Olivier Noël, sociologue et professeur à l’Université Paul Valéry, autour de la notion de Laïcité, suivie d’un débat avec des jeunes du quartier et encadré par Benjamin Delgado, responsable de l’île aux familles du centre social. Olivier Noël a, de plus, proposé à un groupe de ses étudiants de rencontrer les membres de l’équipe artistique ainsi que plusieurs personnes ayant participé au projet afin de réaliser une étude et une synthèse globale de ce que faisait émerger comme questionnements ce type de projet en direction d’amateurs et d’habitants.
Les Salles d’écoute / Métiers d’ici. Une interview filmée de Patrick Teulier, médiateur de la Tam a été projetée, dans laquelle il développe ses missions de médiation, son rapport aux usagers, les avantages du passage du tramway et de ce qu’il a apporté dans le quartier. Cette interview a été réalisée par Kaïna TV et encadrée par Antoine Wellens.
Une interview sonore réalisée par Virgile Simon a été donnée à entendre. On y découvre Sophie Rabineau, écrivain public à l’association Somis qui assure des permanences au centre social. Elle nous y offre ses réflexions personnelles sur son parcours, son engagement dans ce métier, sur les événements marquants qu’elle a rencontrés ou rencontre au quotidien.